Petits riens pour jours absolus
Les grands événements qui marquent la mémoire collective nous donnent souvent le sentiment de vivre au-dessus de notre taille, de sortir de notre condition un moment. C'est une illusion. La poésie, qui souffle où et quand elle veut, se nourrit de détails de l'existence, tous ces petits riens où l'émotion a fait son nid et qui restent à fleur de peau longtemps. C'est à peine un battement d'ailes, un rayon de soleil dans une chevelure, l'arrivée de la neige, un cri de joie, la sourde montée des larmes, la beauté d'un vers, tout, rien.
Mais ces riens-là, que le poète habille de sa langue, sont un soutien de poids, une compagnie sensible pour les jours absolus que tous nous traversons : la perte d'un être cher, l'effroi de souffrir, la solitude extrême, le souvenir de notre mort prochaine, bref, tout ce qui tient l'homme par le coeur au plus près de lui-même et des autres. G. G.