Chronique d'une île
Claudia Estrada revient à Malaga retrouver son mari Rafael. Depuis longtemps, ils ne forment plus un couple uni qu'aux yeux des autres, et surtout des parents de Rafael, qui appartiennent à la petite bourgeoisie de la ville. Malaga a bien changé depuis que Claudia est partie : les environs, au bord de la mer, sont devenus des lieux de villégiature pour Espagnols ou étrangers riches. Comme le lui dit Rafael : "C'est devenu un pays à part, une véritable île... Les maris trompent leurs femmes. Les femmes trompent leurs maris. Le curé lance des menaces, mais personne ne fait cas de lui. La virginité n'est même plus un mot et tous les hommes sont des tantes". Ces manières "américaines", la riche bourgeoisie espagnole essaie de les imiter, de se les assimiler, mais avec peine. Nous sommes dans les années 1950.
Publié d'abord en France à cause de la censure franquiste, Chronique d'une île n'est sorti en Espagne qu'après la mort de Franco : c'est un des romans les plus représentatifs de l'oeuvre de jeunesse de l'auteur qui exprimait une critique virulente de la société espagnole. Cette période de formation avait été inaugurée par Jeux de mains (1956) et devait aboutir à la rupture que constitua Pièces d'identité (1968). Avec Don Julian (1971), Juan Goytisolo allait affirmer sa pleine maturité.