Les chênes qu'on abat...
André Malraux va revoir le général de Gaulle retiré à Colombey. Pareilles rencontres ne sont pas fréquentes dans les siècles : Napoléon ne dictait qu'à des secrétaires tandis que Chateaubriand ne visitait que Charles X. Ici nous avons face à face un homme qui a pesé sur l'Histoire et un écrivain qui, maître de son art, nous rapporte leur dialogue. C'est un texte qui a peu de précédents car Voltaire a oublié la conversation de Frédéric comme Diderot celle de Catherine II. On sait combien Malraux met d'acuité à questionner le destin mais soupçonnait-on comment, dételé de ses tâches, de Gaulle s'interrogeait? L'action passée ou la neige d'aujourd'hui, les souvenirs de Staline ou la figure de saint Bernard, tout est prétexte à réflexion. Ces pages, plus qu'aucune confidence, éclairent de Gaulle de l'intérieur. Nous apercevons les pentes de son esprit et de son âme telles qu'il les a laissé voir à son ami en s'avançant vers sa fin.