Radiguet: L'enfant avec une canne
Juin 1903 - décembre 1923 : Raymond Radiguet est passé sur notre terre comme "un météore". Né la même année que Georges Simenon, Raymond Queneau et Marguerite Yourcenar, il fit, à quatorze ans, son entrée en culottes courtes dans la république parisienne des lettres. Jean Cocteau fut, dès la fin de la guerre, son compagnon d'insomnie à travers Montparnasse, Montmartre, le jazz et l'alcool des années folles. Vers 1920, on peut réunir pour un dîner Paul Morand, Marie Laurencin, Lucien Daudet, Valentine et Jean Hugo, Arthur Honegger, Francis Poulenc, Georges Auric, Darius Milhaud, Cocteau et Radiguet. Notre dandy précoce, passé aux pantalons et au monocle, fréquente aussi Mlle Chanel, Stravinski, Diaghilev, Picasso et bien d'autres. Il passe de femme en femme, leur pose des lapins, publie des poèmes, aperçoit Marcel Proust, écrit Le Diable au corps, "fausse autobiographie" qui fait un scandale, parce qu'elle jette un troublant discrédit sur la vertu des femmes de soldats - la guerre n'est pas très loin encore, même si l'on fait tout pour l'oublier. Radiguet prépare Le Bal du Comte d'Orgel, mais il a mauvaise mine, on lui prédit sa fin... Voici un livre aussi rapide et élégant que l'existence du petit Raymond, qui fut l'abrégé d'une époque. A lire comme un roman.