J'ai nom sans bruit
À bout de ressources, après plusieurs mois passés dans la rue, Marie part vivre à la campagne. Elle laisse à Paris sa fille de cinq ans, Nisa, placée dans une institution. Depuis la mort de son mari, elle vit dans le chagrin et la solitude. Elle était poète, elle n’écrit plus. La poésie ne lui était d’aucun secours. Isolée dans une petite maison, elle ne pense qu’à récupérer sa fille. Elle va vivre une ultime épreuve, la perte des mots. Elle ne sait plus parler, ne peut plus s’exprimer. Son désarroi lui a ôté ce qu’elle avait de plus précieux. L’écriture limpide et élégante d’Isabelle Jarry, son regard aigu et sensible sur les êtres et la nature est un des charmes de ce beau roman qui traite de la perte d’un être aimé et de ce qui donne son sens à la vie. Mais ce livre est aussi la critique d’une société où le lien social s’est délité, où la création est en danger, où le sens se dilue et l’espoir s’amenuise. Marie a dédié sa vie à l’art et refuse la tyrannie de l’argent. C’est une rebelle. Elle choisit l’inconfort et la rigueur plutôt que de se laisser corrompre. Ce personnage lumineux possède une pureté qui nous touche, une sagesse qui a la force de l’universel.