Le pays des eaux
Ici tout est mystère à l'image du décor. Le Fenland est, à l'est de l'Angleterre, une contrée proche de la mer, un peu magique, un plat pays parsemé de moulins à vent et parcouru de canaux, où la terre et l'eau vont à la rencontre l'une de l'autre en un affrontement parfois paisible, parfois impétueux, toujours empreint d'une poésie insolite. Semblable à ces ondes circulaires, qui se dessinent et s'enchevêtrent à la surface de l'eau, le récit se déroule à plusieurs niveaux, trouve ses correspondances à plusieurs époques. Roman d'une région, c'est aussi le roman d'un homme, professeur d'histoire, qui se voit remis en cause dans sa vie privée comme dans son métier. Il abandonne l'enseignement traditionnel des grandes péripéties historiques pour raconter à ses élèves le turbulent et fantasmagorique héritage que son pays natal cache sous un horizon monotone. A cet itinéraire se trouve lié un événement personnel, survenu quarante ans plus tôt, lorsque son père, éclusier dans le Fenland, a trouvé le corps d'un jeune garçon flottant dans le canal. Au-delà d'un récit romanesque remarquablement construit, l'auteur nous convie à une méditation sur l'histoire, sur les forces primitives de procréation et de destruction qui nous gouvernent. Une méditation inséparable de cet univers étrange peuplé d'anguilles et parsemé de feux follets, de cet élément omniprésent tantôt ami, tantôt ennemi, tout à la fois impitoyable et miséricordieux : l'eau.