Le Livre noir
Pendant une semaine, jour et nuit dans Istanbul, une jeune avocate, Galip, part à la recherche de sa femme Ruya, qu'il aime depuis l'enfance, et qui lui a laissé une lettre mystérieuse : est-ce un jeu ? Un adieu ? Dans le fol espoir de la retrouver, il fouille ses souvenirs et le passé militant de Ruya. Il lit et relit les écrits de Djélâl, le demi-frère de sa femme, chroniqueur dans un grand quotidien - un homme secret qu'il admire. Mais lui aussi semble avoir disparu. A la recherche des deux êtres qu'il aime, Galip est en même temps en quête de sa propre identité et bientôt, de celle d'Istanbul. Orhan Pamuk présente ici la ville sous un aspect singulier, toujours enneigée, toujours boueuse, et ambiguë : d'un côté occidentalisée, plongée dans l'actualité immédiate, avec ses néons, ses cinémas, ses mannequins, de l'autre traditionnelle, enracinée dans une vieille histoire ; brillante en surface mais creusée de souterrains, de catacombes et dérobant aux regards ses quartiers interlopes ; ici, superbe, éminemment poétique, ailleurs vulgaire ou violente. Insaisissable. C'est ainsi par le biais de la ville qu'Orhan Pamuk confère à ce roman d'amour et d'amitié, simplement pathétique, une grande dimension historique.