L'arrière-pays
Le chemin que l'on n'a pas pris, au carrefour, ne conduisait pas à un pays autre. « Là-bas » ç'auraient été les mêmes horizons qu'ici, les mêmes seuils et les mêmes hommes, au mieux quelque variante sans grand relief au sein d'un unique réel. Et pourtant il est des esprits que cette occasion illusoire ne cessera de hanter. Ils croient côtoyer un arrière pays qu'à un carrefour nouveau – le hasard aidant cette fois, ou grâce à un signe, soudain compris - ils pourront peut-être rejoindre. Pourquoi cette aspiration, que recouvre-t-elle?
Et quel rapport a-t-elle avec notre besoin d'images, et quel rapport « les images ont-elles avec le des sein propre des oeuvres? Je cherche à définir la réfraction ontologique par quoi l'unité, cette lumière, ayant à nous atteindre à travers des mots aujourd'hui extériorisés, dévie dans leur épaisseur au point que son origine apparaît ailleurs qu'en l'existence, sa substance autre que celle des actes quotidiens, sa forme trouble, irrégulière, mouvante - ce brisement, toutefois, étant notre imaginaire, ce glissement sur des crêtes au moins l'incitation au désir. - Yves Bonnefoy