Variété III, IV et V
La facilité de lecture est de règle dans les Lettres depuis le règne de la hâte générale et des feuilles qui entraînent ou harcèlent ce mouvement. Tout le monde tend à ne lire que ce que tout le monde aurait pu écrire. D'ailleurs, puisqu'il s'agit enfin en littérature d'amuser son homme ou de lui faire passer le temps, ne demandez l'effort, n'invoquez point la volonté : ici triomphe la croyance, peut-être naïve, que le plaisir et la peine s'excluent. Quant à moi, je le confesse, je ne saisis à peu près rien d'un livre qui ne me résiste pas. Demander au lecteur qu'il tendît son esprit et ne parvînt à la possession complète qu'au prix d'un acte assez pénible ; prétendre, de passif qu'il espère d'être, le rendre à demi créateur, - mais c'était blesser la coutume, la paresse, et toute intelligence insuffisante. L'art de lire à loisir, à l'écart, savamment et distinctement, qui jadis répondait à la peine et au zèle de l'écrivain par une présence et une patience de même qualité, se perd il est perdu. - P. V. -