Le rêve entouré d'eau
Une nuit d’été, au bord de l’eau. On boit, on fume. La conversation s’arrête sur ces objets qui ont marqué les uns et les autres et dont la vie a peu à peu estompé la trace. Objets perdus, rêves sans lendemains. Parfois, les rêves et les objets disparus ne sont pas sans réalité. Et la selle d’un cavalier indien, un lit de bois précieux, une épée de Touareg, un pin du Japon vont surgir de l’oubli où ils patientaient en secret.
Cela aurait sans doute été inconcevable si l’ethnologue Julien Cézat n’avait disparu dans un accident d’avion en 1996 et si ses amis n’avaient adopté et élevé ses quatre enfants, au sein d’un clan à l’imagination fertile. Talbeau, grand avocat international, finance la tribu et ses expéditions. Valentine, à soixante-neuf ans, tient un rôle de mère de famille auquel rien ne la prédestinait.
Elle ira récupérer en Suisse, chez une vieille cousine, ce lit de bois précieux légué par son père et arraché aux nazis. Elle en revient avec deux chats, en compagnie de Luca, photographe de charme sexagénaire, et de Bichot, professionnel sans profession. On retrouvera ce dernier au Sahara, aux côtés d’Armand, fils de Julien Cézat, qui n’a jamais cessé de penser à une épée offerte à son père par un guerrier touareg, et enterrée depuis trente ans dans le désert.
De la première à la dernière ligne, Bichot, l’homme aux amours vagues, accompagne le lecteur, confident amusé ou ému de ses silences et de ses hésitations. Il accomplira l’ultime de ces voyages sans objet à la recherche d’un pin du Japon et d’une femme aimée.