Petit éloge des séries télé
Quelques-uns des droits du sériephile (en hommage à Daniel Pennac dans Comme un roman ) :
Le droit de regarder des séries de toutes natures (et pas seulement celles que « les intellectuels » ou les « spécialistes » trouvent réussies).
Le droit de regarder une série quand on veut, comme on veut, où l'on veut et à l’abri de toute censure.
Le droit de regarder sans être jugé ou méprisé.
Le droit de démarrer une série au quart de tour et puis de décrocher ; le droit de prendre une série en route après avoir longtemps reculé ou hésité.
Le droit d'aimer (ou de détester) sans devoir se justifier.
Écrites, tournées et diffusées en léger différé avec leur époque, les séries télévisées, tout comme le théâtre, la littérature, le cinéma et la bande dessinée, portent un regard sur le monde, encore plus contemporain, encore plus incisif : les meilleures séries sont des témoins stimulants de l’état du monde. Elles sont souvent audacieuses dans leur construction et leur propos volontiers impertinent, acide. Dans des séries anciennes, on peut ainsi se rappeler le badinage sexuel d’Emma Peel et John
Steed dans Chapeau Melon et bottes de cuir ; la révolte métaphysique du n°6 face au lavage de cerveau politique dans Le Prisonnier ; les jeux subliminaux autour de l’imagerie gay des Mystères de l’Ouest ; la satire de la guerre froide dans Agents très spéciaux ; la description de la noirceur de l’humanité et de ses dilemmes dans La Quatrième Dimension et Star Trek). Des séries récentes comme Urgences et House, M.D. soulignent sans relâche les dilemmes éthiques et les conflits de pouvoirs suscités par les progrès de la technologie du soin, la surenchère biomédicale, les inégalités d’accès et le rôle des structures et professionnels de santé.