Les Ardoises de la mémoire
« Pierrot n'était plus qu'un bout de chair dénué d'histoire et rangé dans un tiroir. J'essayais d'imaginer le quartier sans lui, la ville sans lui... Le monde sans lui. Peut-être qu'un infime coup de patin avait ralenti la rotation de la terre, un léger retard pour saluer le départ de Pierrot. Pourquoi l'avait-on descendu dans le camion qu'il squattait depuis 14 ans ? Ce vieil utopiste inconnu et équipé d'un cœur plus gros que le cerveau. Pas le genre de type à avoir son nom sur une plaque officielle... J'avais beau me dire que c'était la vie, qu'il était vieux et que des gosses à peine nés y passaient ; rien n'empêchait l'ébullition sous mon crâne. Et encore une bonne raison pour ne pas partir en vacances ! »