Moby Dick
Du grand roman épique de Herman Melville, Moby-Dick ou le Cachalot [1851], Joëlle Jolivet et Gérard Lo Monaco ont retenu dix scènes dont la succession dessine, à grands traits, l’histoire du capitaine Achab poursuivant de sa haine fanatique le cachalot blanc qui l’a mutilé. Chaque composition, au moment ou le lecteur tourne la page, se met littéralement en scène, selon un savant travail de découpe, et l’on croit tenir entre les mains, dix fois, la maquette d’un décorateur, reproduisant en miniature les personnages en pleine action et le riche décor où ils évoluent. La délicieuse magie de ce théâtre privé rappelle les séductions du diorama du XIXe siècle, succession de vues peintes auxquelles de subtils jeux d’éclairage donnaient, pour le spectateur qui les contemplait dans l’obscurité, l’illusion du relief et de la perspective. Cette impression d’images venues d’un monde lointain est accentuée par le choix qu’ont fait les deux artistes de composer les pages du roman qu’ils ont voulu illustrer dans le style tapageur des affiches d’autrefois. Le regard s’attarde sur les fantastiques irrégularités de la typographie du texte et s’aventure dans les profondeurs et les détails de la scène qui lui correspond avec le même bonheur de retrouver, devant tant d’étranges beautés, les émerveillements de l’enfant.