La lueur des jours
Une mélancolie d'arrière-saison imprègne ce livre mais s'y mêle à une ferveur encore plus profonde, engendrant avec elle une sorte de vibrante sérénité. Elle agit sur nous comme fait en automne l'odeur des pommes, auxquelles Jean Grosjean consacre ici des pages à la saveur inépuisable d'Eden. Les poèmes se promènent sans canne et sans chapeau dans la campagne, d'un pas mesuré qui s'accommode souplement des racines, des mottes, des ornières où le soir aligne ses petits feux de bivouac. Des oiseaux passent, et l'on sent battre sans cesse entre eux l'aile invisible du temps. Sans elle l'étendue serait moins vaste, et l'on serait moins chez soi, entre l'âtre éteint et la haie éclaircie, de passage, à comprendre ce qu'on ne comprend pas, sous le ciel rayé de gris et de jaune pâle comme la pèlerine d'un dieu.