Lettres à sa mère: (1918-1925)
Ces quelque 140 lettres couvrent la période décisive qui commence avec le séjour à New Haven, bientôt suivi par l'engagement dans la R.A.F. : Faulkner a vingt ans. Elles révèlent avant tout un fils très attaché à sa mère, lui écrivant ce qu'elle veut lire (en particulier de belles descriptions), lui dissimulant ce qu'il ne veut pas dire (invention probable de ses exploits d'aviateur, silence sur sa liaison avec Helen Baird à La Nouvelle-Orléans), mais affabulant à partir de ses fantasmes, au premier rang desquels figure l'aviation. Son premier texte en prose, publié un an après l'armistice, s'intitule précisément « Atterrissage risqué ». Par ailleurs, c'est à Toronto qu'il se forge un nom en écrivant le sien avec un « u ». Il y a aussi, dans ces lettres, un Faulkner qui ne se dissimule pas : c'est le fétichiste, extrêmement attentif au genre d'uniforme qu'on lui fait porter. Il ira jusqu'à s'acheter une tenue d'officier lors de sa démobilisation. Quant au père, les quelques lettres qui lui sont adressées en propre ont une tonalité convenue et réservée : il y est question soit de technique, soit d'idéologie. On retiendra surtout que certaines scènes des romans - ainsi ce qui arrive à Quentin Compson à Harvard dans Le bruit et la fureur - trouvent leur origine dans ces lettres.