Journal, tome 2 : 1940-1955
Lorsque commence cette deuxième partie du Journal, Thomas Mann a 65 ans. Il s'agit donc ici des quinze dernières années de l'écrivain. Installé aux Etats-Unis, dont il ne tardera pas à devenir citoyen, il se fait construire la grande et belle maison de Pacific Palisades, tout près d'Hollywood. Malgré son dépit face à la fortune réalisée par d'autres émigrés comme Werfel, il vit à son aise et en parfait accord avec la politique de Roosevelt. C'est seulement au plus fort de la guerre froide qu'il exprimera plus que des réserves sur la politique américaine. Ce sera l'un des éléments qui détermineront son retour en Europe. Puis son installation en Suisse. Il a depuis longtemps accédé à la gloire mondiale. Son premier souci est de terminer son oeuvre dans la dignité, car il a une haute est de terminer son oeuvre dans la dignité, car il a une haute idée de lui-même et de sa mission. Pendant les années de la guerre, qu'il vit avec une passion anti-hitlérienne de tous les instants, il termine la vaste fresque de Joseph et ses frères et rédige Le docteur Faustus. Ensuite viendront L'élu et Les confessions du chevalier d'industrie Felix Krull, ouvrage repris après des années bien que manquant de "dignité". L'énorme succès phénomène de ce dernier roman dans l'Allemagne d'après-guerre l'étonnera autant qu'il le flattera. Le Journal nous montre un homme vieillissant mais encore plein de vitalité, avec ses faiblesses - vanité tirée de sa réception à la Maison Blanche ou de son audience privée chez le pape, amourette de vieillard avec Franzl, le dernier de ses "jouvenceaux divins", mais aussi avec ses grandeurs face à la souffrance collective - la guerre bien sûr - et personnelle - suicide de son fils Klaus, mort de son frère Heinrich. Un témoignage passionnant sur les dernières années d'un grand écrivain.