Lettres de jeunesse : Correspondance, 1913-1938
À cinq ans, Françoise Marette, dite " Vava ", est déjà une épistolière. Depuis Deauville où elle passe ses vacances en compagnie de ses frères et sœur, et Mademoiselle sa gouvernante, elle reçoit des lettres de sa famille auxquelles elle répond avec vivacité et cocasserie. Jours tranquilles, très vite obscurcis par la guerre qui emporte un de ses correspondants, l'oncle Pierre, son jeune parrain, avec qui elle se croit " fienser " et qui, en mourant, la laisse " veuve de guerre " à huit ans. Plus tard, la mort de Jacqueline, la sœur aînée, plonge la mère dans un deuil impossible qui la rend " injuste avec son autre fille ", lui ravissant ainsi " dix ans de jeunesse ". Les lettres se font alors l'écho du combat mené par la jeune fille qui se cherche, s'oppose, se construit, avec l'énergie, la clairvoyance que nous lui connaîtrons, rompant des fiançailles convenues, s'accrochant à des études de médecine " visées depuis l'enfance ", entreprenant une analyse, et se retrouvant, comme elle l'écrit à son père, le soutien de toujours, dans une longue lettre qui fait le bilan d'une jeunesse, " pas du tout "fofolle", pas du tout "aigrie", "pas putain", "pas intellectuelle", pas laide non plus et pourtant pas mariée [...], femme qui te fait honneur - tout autant qu'à ma mère [...] femme à trente ans et prête à donner ma vie comme on donne un cadeau "