Les forêts d'argent
Ce pourrait être l'histoire d'une rencontre fomentée par le hasard, entre un homme et une femme de dix ans son aînée, lui, obscur avocat natif de Cahors, elle, ultime héritière d'une lignée de forestiers. Jean-Robert mène dans un trois-pièces de la rue Richepanse une carrière discrète, prudente. Orphelin à douze ans, il a appris de l'oncle chanoine les charmes du travail accompli, tandis que les petites dames du Lot lui enseignaient d'autres félicités. Il n'oubliera jamais cette double leçon : nourrir son esprit d'affaires complexes, combler son corps de jouissances saisies à tous vents. Mathilde goûte depuis toujours les fruits d'une immense fortune dans la maison de Courcelles. Pliée dès l'enfance aux usages de sa lignée, rien ne lui fut jamais refusé, ni amants ni caprices, ni maris ni deuils. Rien, sauf le principal : ce plaisir qui lui ferait, le temps d'une étreinte, éprouver l'étrangeté d'être une autre. C'est l'histoire d'un attachement, cimenté par le long cours de deux vies scellées par le pouvoir, la puissance et l'argent. Et c'est bien plus encore. Ce qui lie ces deux êtres d'un lien plus fort que les ans qui s'écoulent appartient à l'univers de la grande légende, à l'immémoriale essence du monde. Entre eux n'ont cessé de croître les racines entrelacées, les feuillages profus, les sombres mousses et les denses humus d'une multitude d'arbres, de bois et de forêts. Mathilde et Jean-Robert sont les enfants d'une affaire fabuleuse : "Forêts et Coupes", qui possède des arbres dans le monde entier. C'est cette histoire-là qui fait de deux vies un mystère.