Naissances
Ce livre tente de dire la « venue au monde », le banal miracle de chaque naissance. Car la naissance est comme le trépas, le passage invisible dont nous ne savons pas, ne pouvons pas parler.
Trois naissances singulières sont ici relatées.
La première est terrible : dans un camp de prisonnières, une femme accouche dans des conditions atroces sous l'œil de soudards excités. Mais soudain, les hommes se figent : l'enfant est là, et sa fragilité, incroyablement, leur en impose.
Si la deuxième naissance est tragique, la troisième, enfin, est heureuse : le nouveau-né surgit « dans les mains de l'ange ». Il a la perfection de toutes les vies nouvelles. Ses grands yeux s'ouvrent comme une énigme.
Mais Naissances est aussi parole masculine, celle qui évoque le « regard du père », ce regard ambigu que l'homme porte sur celle qui met au monde. Intrigué par ce que vit la femme et qu'il ne vivra jamais, fasciné par l'être inimaginable dont il devra admettre qu'il est le père, l'homme ne peut que se tenir dans une marge étrange lorsque s'annonce le nouveau, lorsque l'enfant paraît. L'homme, voué à ne mettre au monde que des choses, ou, au mieux, des livres dont il ne sait jamais s'ils sont morts ou vifs.