Lettres d'Egypte, 1950. suivi de Un été au Liban
« Ce fut une mode aux siècles derniers d'écrire sous forme de lettres des relations de voyage, et cette mode présentait un intérêt autre que passager. Elle permettait de parler des pays où l'on avait vécu avec une liberté que n'a pas l'auteur d'un Guide, assujetti qu'est celui-ci à l'exactitude littérale, au point qu'il en néglige l'aspect des paysages et le mouvement des esprits. Ce n'est pas qu'on puisse se flatter, même après un séjour assez long, de pouvoir convenablement décrire les uns et pénétrer les autres ; au moins est-il loisible d'en suggérer la nouveauté et le mystère. Car à mesure qu'on avance dans un pays inconnu on s'aperçoit qu'on le connaît moins : non seulement ce qu'on en dit n'est plus exact et appartient au passé, mais encore ce qu'on en pense devient plus sujet à caution, et l'incompréhension mutuelle des esprits inclinerait à garder le silence si ne persistait un certain sentiment de communauté. »