La Divine colère
" Je ne tairai rien de ce qui est arrivé à Kéru. Voici dimanche, et, comme tous les dimanches, il flotte désormais dans l'air une atmosphère qui pue la catastrophe. Il y a dans les rues désertées des dimanches une ambiance morbide qui m'insupporte tant elle évoque un manque, un absent, une fêlure. Est-ce à cause du dimanche de la finale de football ? Le soleil avait pourtant inondé la ville, comme une riposte contre l'orage de la veille. Le temps lumineux annonçait trompeusement l'apothéose. " Chronique de tempétueuses, bouleversantes et rieuses années sportives, voici, après La transmission, le deuxième volet des souvenirs d'Eugène Ebodé, au ras d'un gazon de feu et au cœur des joutes footballistiques du Pays des Crevettes et d'ailleurs. Hommes, femmes, amours et haines rabelaisiennes se retrouvent autour du ballon rond, des joueurs, des dirigeants de club et des supporters. Utopie magique ou réalisme ironique ? La divine colère transporte avec charme et étourdit, surprend et informe le néophyte comme le spectateur averti des arcanes du foot. L'envie d'éclairer le jeu, de le rapprocher de ceux qui n'en connaissent ni les règles ni les rites, rend au football sa dimension populaire et planétaire. Mais l'auteur exprime aussi sa colère contre les appétits de trophée et de victoire. Ils peuvent en effet conduire au sacrifice de vies humaines lorsque passions et excès transforment un stade en crachoir et en cratère de tous les exutoires.