De l'Oulipo et la chandelle verte
« Du début à la fin, toute la poésie de Jacques Bens dit "je", ne dit presque que "je". Elle met en scène quelqu'un qui parle à la première personne. Il parle en vers. Il se raconte. L'opus bensi, comme il dit, est monomaniaque de la narration de soi. Je ne dis pas cela de manière critique. Un des "pronunciamento" les plus stupides est, si on l'applique à la poésie : "Le moi est haïssable." De quel "moi", d'ailleurs, s'agit-il ? D'un "autre" ? qui serait "mon semblable, mon frère", "hypocrite lecteur" ? Pas du tout. C'est un "je" uniquement déterminé par ses mots, ses vers, ses aventures, ses postures devant le monde. Ceux qui ont connu Jacques Bens l'y reconnaîtront, ou pas, peu importe ; l'y reconnaissent et ne l'y reconnaissent pas, fatalement. Et ceux qui ne l'ont pas connu, s'y reconnaîtront ou pas, peu importe.
Distinguons donc : il y a le poète : Jacques Bens, et son personnage : J. B. »
Jacques Roubaud.