Correspondance: (1922-1950)

Auteur(s) : André Gide, Jacques Schiffrin
Editeur : Gallimard

" Vous êtes "un vraiment bon Monsieur" d'encourager ainsi les pauvres éditeurs ! " (Jacques Schiffrin à André Gide, 23 novembre 1931.) En matière éditoriale, André Gide était un stratège. Le créateur de la NRF portait une scrupuleuse attention aux modalités de publication de ses rouvres : parutions en revue, impressions hors commerce à très petit nombre, savants tirages de tête... Sa relation avec l'éditeur Jacques Schiffrin (18921950) - trente années d'une amitié sans faille dont témoignent les quelque deux cent cinquante lettres inédites ici rassemblées - le confirme de façon exemplaire. Né en Russie et installé à Paris en 1922, Schiffrin associe Gide au premier livre qu'il fait paraître, dès 1923, à l'enseigne de sa firme, les Éditions de la Pléiade : une traduction nouvelle de La Dame de pique de Pouchkine qu'ils cosignent. La bienveillance du maître à son égard ne se démentira jamais, d'autant que, de Pontigny à Cuverville, des leçons de piano auprès de sa virtuose première épouse (Youra Guller) aux soupers du Vaneau, Gide et ses proches se lient peu à peu d'amitié au couple Schiffrin. L'écrivain confie donc à la jeune maison quelques-unes de ses œuvres et suit de très près les débuts d'une collection promise à un grand destin : la " Bibliothèque de la Pléiade " (1931). Gide apprécie beaucoup ces livres d'un genre nouveau ; portatifs et élégants, ils comblent son goût typographique et son naturel nomade. Et quand l'éditeur, quelque peu dépassé par le succès rencontré, aura besoin de recourir à des fonds complémentaires, il conseillera à Gaston Gallimard de l'accueillir sous son toit. Schiffrin devient dès lors directeur de la collection pour la NRF. Gide sera le premier auteur à voir l'une de ses rouvres, de surcroît inédite, entrer de son vivant dans la collection : Le journal, à la mise au point duquel nous assistons ici. Puis c'est la tragique bousculade de l'Histoire. L'ami Schiffrin est du voyage en URSS (1936), malgré la réticence des Soviétiques à voir cet émigré revenir sur leur territoire et faire l'interprète pour ses camarades écrivains ; il sera aussi du retour, dont on sait quel impact il a eu sur notre histoire intellectuelle. Plus dramatiques seront les années suivantes : mobilisé en 1939, Schiffrin se voit contraint de quitter la France en 1941, dans le contexte d'aryanisation des personnels de l'édition voulue par l'occupant. L'exil à New York avec sa seconde femme, Simone, et son enfant, en août 1941, ne sera possible que grâce au soutien pécuniaire et logistique de Gide. S'ouvre alors la période américaine, où la correspondance entre les deux hommes se prolonge, mi-professionnelle (Schiffrin représente les intérêts de Gide outre Atlantique et publie certaines de ses rouvres sous l'enseigne des Panthéon Books), mi-amicale. Années douloureuses, hantées par l'espoir d'un retour toujours reporté.

30,00 €
Parution : Avril 2005
368 pages
ISBN : 978-2-0707-7360-2