Jeune fille
Printemps 1965. Anne, la narratrice, a dix-huit ans quand elle rencontre le cinéaste Robert Bresson. Cette entrevue a été organisée par son amie Florence, laquelle tenait le premier rôle dans Le procès de Jeanne d’Arc. Persuadée que Anne est l’actrice idéale pour interpréter Marie dans Au hasard Balthazar, le prochain film du maître, Florence la pousse à auditionner malgré sa complète inexpérience. Au fil des séances d’essai, la présence d’Anne, son attitude, sa voix convainquent Robert Bresson de la nécessité de ce choix. Mais Anne est encore mineure, et il s’agit de faire accepter le projet à son grand-père, François Mauriac. Heureusement pour elle, ce dernier mesure toute l’importance de cette opportunité.
Pendant plus d’un mois, Anne va faire l’expérience d’un plateau de cinéma. Robert Bresson, lui, instaure un jeu ambigu, entre séduction et domination. Bien que repoussant ses avances, Anne subit son emprise psychologique et le magnétisme de son génie artistique. L’actrice sent qu’une métamorphose s’opère en elle, suscitée par des désirs puissants mais confus, qui exacerbent sa sensibilité.
Un week-end, elle décide de coucher avec un jeune type de l’équipe, afin de calmer son hypersensibilité. Une étape fondamentale vient d’être franchie. Son caractère s’affirme, elle ose tenir tête à Bresson, renversant le rapport de séduction en sa faveur, tout en découvrant, jour après jour, la magie du métier d’acteur. À la fin de l’été, le film terminé, Anne sait qu’un avenir est désormais possible.
La narration est dense, tendue, précise dans la description des émotions qui habitent cette jeune fille devenue, en l’espace d’un été, une « jeune femme ». Ce roman initiatique nous entraîne au passage dans l’univers singulier du septième art et nous fait découvrir l’un des créateurs les plus talentueux du cinéma français, qui aura été, pour la narratrice, à la fois un Pygmalion et un étrange séducteur.