Tous les enfants sauf un
Dix ans après la mort de sa fille, drame qu’il a raconté dans deux romans, L’enfant éternel et Toute la nuit, Philippe Forest revient à nouveau sur ce sujet en évacuant, cette fois, la forme romanesque qui lui paraît aujourd’hui artificielle.
Il reste en effet peu de chose d’un roman quand le temps a passé. Mais le chagrin de la perte, l’effarement devant la vérité, la révolte face au refus de savoir demeurent et exigent sans répit d’être pensés. Un tabou touche une telle expérience qui concerne pourtant tous les vivants. L’énigme mélancolique de la maladie, les mythologies mensongères du cancer, le prétendu « travail de deuil » et l’interdit de la mort qu’il recouvre souvent, le recours à la religion et à ses substituts les plus dérisoires, la grande sentimentalité carnassière avec laquelle la société considère la souffrance des enfants, constituent les questions qu’abordent cet essai, interrogeant jusqu’aux vertus supposées thérapeutiques de la littérature, et la consolation qu’elle est censée apporter.