Les Demoiselles du Taranne: Journal 1988
Samedi 3 septembre, 20 heures, au Taranne. Hier, obsèques de Guy Hocquenghem. À l’église Notre-Dame-des-Champs j’ai lu l’épître de saint Jean (à la demande de Jean-Pierre Mignard et du curé – curieux curé qui, devant une assemblée composée aux trois quarts de pédés, s’est cru obligé, dans son prône, de rompre des lances contre l’homosexualité). Après l’absoute, incinération au Père-Lachaise. Tendre présence d’Hélène. Durant l’horrible attente crématoire, sa main pressant doucement la mienne. […]
Dimanche 4 septembre. À 17 heures, Annah viendra au Taranne, mais auparavant je vois Marie-Élisabeth qui, hier, m’a déposé une très belle lettre d’amour, de tendresse complice, où elle évoque une exposition où nous avions été, jadis, avec Guy Hocquenghem :
« … il y avait une espèce de légèreté dans l’air qui venait de vous deux ensemble… »
En sortant de cette expo (sur Vienne), Guy avait dit : « Bon, maintenant, on est cultivé pour un mois au moins ! »