L'échappée
Madeleine, seize ans, vit dans une épicerie de village, près de Rennes. Arrive l'Occupation, pour gagner sa vie elle devient servante dans un hôtel rennais dont tous les clients sont des militaires allemands. Elle connaît des amours d'adolescente avec de jeunes paysans, jusqu'au jour où débarque à l'hôtel Joseph Heine, célèbre pianiste allemand qui est ému par cette jeune fille dont il est le seul à deviner la grâce cachée. Il lui révèle la musique, grâce à Mozart. Mais le pianiste ne tarde pas à être envoyé sur le front russe, où il est exécuté pour avoir tenté de se mutiler afin d'échapper au combat.
Enceinte de lui, Madeleine connaît à la Libération l'humiliation d'être tondue en public et, surtout, d'apprendre qu'elle n'est pas la fille de ses parents, mais d'une travailleuse saisonnière méridionale. Elle décide alors de quitter Rennes pour n'y jamais revenir et part pour le Sud de la France avec sa fille, Anna. Travaillant comme bonne à tout faire, elle s'installe d'abord à Grasse, la cité des parfums, puis dans d'autres villes, à chaque fois obligée de partir à cause d'Anna, qui ne supporte ni que sa blondeur rappelle qu'elle a un père allemand, ni de ne pouvoir connaître ce père. Se révoltant contre la germanophobie d'après-guerre, elle révèle son origine, suscitant le scandale et l'opprobre.
La mère et la fille finissent comme femmes de chambre à bord du Liberté, le grand paquebot transatlantique, où elles resteront jusqu'à ce que ce moyen de transport tombe en désuétude au début des années 1960. À bord, elles multiplieront les rencontres singulières, d'autant plus que Madeleine ne peut oublier le pianiste et qu'Anna ne cesse d'être hantée par ses origines...