Zone de combat
Écrit à la première personne du pluriel, Zone de combat soumet ses lecteurs à une sorte d'état d'urgence. De fait, ce « nous » englobe un ou plusieurs couples ayant survécu à un attentat à la bombe. Tous et chacun vont enchaîner des stages de coaching, des groupes de parole, des week-ends de remise en forme. On y apprend à se remobiliser et à s'endurcir, à se prendre en main et à vaincre ses appréhensions. Ici, on ne se plie pas aveuglément à des diktats arbitraires, on s'inspire plutôt de méthodes thérapeutiques, on respecte ensemble des consignes de bon sens, on s'investit dans un processus participatif...Mais, puisque ces rescapés se sentent menacés jusque dans leur confort privé, seule la peur pourra désormais les gouverner. La peur obsédante mais si stimulante, la peur désarmante mais si motivante. Si bien qu'en vient à s'effacer la ligne de démarcation entre pulsion de mort et phobie victimaire. À mesure que le texte joue et déjoue le suspense en cours, ne restent plus que des zombies middle class aux prises avec leurs démons intérieurs, des mercenaires prêts à tout pour sécuriser leur pouvoir d'achat, de repos, de loisirs.Au terme de ce « cauchemar climatisé », les promesses du bien-être sécurisé ne connaissent aucune limite. Plus rien ne distingue les périls du monde extérieur des territoires sensibles de l'intimité. Tout est devenu possible - l'innommable surtout.