À coups de pelle
Au fin fond de la campagne galloise, un fermier traverse avec difficulté la saison de l'agnelage tout en essayant de faire le deuil de sa femme. Alors que chaque détail, chaque pièce, chaque odeur le ramène à elle, Daniel s'emploie à mettre au monde du mieux qu'il peut ses agneaux. Aux prises avec la solitude et les pressions de la vie moderne, il persiste dans ce qu'il a toujours fait : être en symbiose avec sa terre, seule façon pour lui de survivre à son chagrin.
En parallèle, un gitan qui n'aime que ses chiens de chasse déterre les blaireaux des environs et les revend à prix d'or à des organisateurs de combats illégaux. Surveillé par la police, le gitan est cependant en proie à une peur viscérale de la prison.
Daniel et le gitan se connaissent mais ne se côtoient pas, la violence de l'un étant aux antipodes de l'humanité de l'autre.
Cependant, alors que le gitan a repéré un blaireau sur les terres du fermier, leur confrontation semble devenir inéluctable.
Ce court roman est construit comme un diptyque qui confronte les pulsions de vie et de mort des deux personnages. L'écriture de Cynan Jones est riche mais sans verbiage, ce qui lui a valu d'être comparé en particulier à Ernest Hemingway ou Cormac McCarthy. À coups de pelle est un roman intense et engagé, d'une délicatesse et d'une finesse remarquables même dans les scènes les plus sanglantes ou tragiques. Grâce à des descriptions poignantes, Cynan Jones y aborde avec justesse les thèmes de la solitude, de la perte et de la cruauté, mais aussi des situations concrètes comme la difficulté pour les jeunes générations rurales de s'en sortir ou les violences qui sont encore infligées aux animaux de nos jours.