Les Âmes fortes
En 1949, dans un village de la Drome, des femmes veillent le corps de feu Albert. Dans cette ambiance calme et feutrée propice aux confidences, Thérèse revient sur son histoire. Sa fuite avec Firmin une nuit de 1886, leur arrivée dans le village de Chatillon, mais surtout sa rencontre avec les Numance, riches bienfaiteurs du village, et la relation fusionnelle voire passionnelle, qu'elle va entretenir avec Madame. Mais elle raconte aussi comment Firmin tire profit de cette relation pour s'enrichir et comment il va peu à peu les détruire. Seules les âmes fortes seront épargnées. Roman polyphonique, chronique romanesque, tableau de moeurs, peinture de la province sont autant de qualificatifs qui se rapportent au texte de Jean Giono. L'écriture très orale et les différentes voix qui portent le récit dépeignent la vie d'un village de province à la fin du xix e siècle où, comme dans un huis-clos, les langues se délient et les personnalités se troublent. Écho à La Comédie humaine de Balzac, Giono livre ici une réflexion sur la nature humaine et ce qu'elle recèle de plus noir, en prenant pour décor le sud-est de la France, région chère à son coeur.