Quitter le rang des assassins
Le récit commence dans une chambre d'hôpital où le narrateur rend visite à un certain Not, victime d'une attaque dont on ne sait pas encore si elle sera fatale. Le narrateur mène peu à peu une sorte d'enquête qui l'amène à côtoyer les proches de Not, qui se méfient, s'étonnent puis laissent apprivoiser. À travers ces échanges entre le narrateur et les proches (collègues, amants, amis, dont Nicole Croisille) et des retours en arrières (enfance, adolescence), se dessine un portrait saisissant, séduisant et terrible de Not.
Celui-ci rédigeait des notices pour une entreprise de moules à tartes, travail absurde qu'il accomplissait sans se révolter. Mais la tragédie est ailleurs : dans la difficulté quasi-viscérale de Not à aborder le quotidien de ses passions, à comprendre les autres, à réagir à chaque rupture avec ses amants. Chaque crise aboutit à une tentative de suicide ou des séances d'automutilation. Dans cette descente aux Enfers, l'enfer, ce sont les autres, mais c'est aussi et surtout soi-même.
Un véritable coup de théâtre, révélation ultime au moment du réveil miraculeux de Not, autour de qui sont assemblés tous les proches croisés par le narrateur, vient rendre l'atmosphère plus troublante encore et ouverte à mille projections.