Mes vies secrètes
J'étais nue, complètement nue, au milieu de gens nus, sur le pont d'un bateau écrasé de soleil, au large de Majorque. Situation inhabituelle pour une ancienne élève du cours Dupanloup, élevée par les soeurs en cornette de la congrégation des Dames de Saint-Maur. J'avais une excuse, d'ordre professionnel : j'écrivais une biographie de Romain Gary. Ainsi commencent les souvenirs en forme de confession de Dominique Bona, qui composent aussi une autobiographie en creux. Elle y retrace sa riche carrière d'écrivain, ponctuée des nombreuses biographies dont elle est l'auteure, mais en même temps dévoile sa propre histoire : ses émotions, ses sentiments, sa vie. Car si ses romans ont remporté successivement les prix Interallié et Renaudot, elle s'est depuis intéressée aux vies des autres, qui ne sont pas toujours les plus connus - ainsi les soeurs Heredia, Berthe Morisot, Gala Dalí, Clara Malraux, la famille Rouart, mais aussi Stefan Zweig, Camille Claudel et Colette. Dominique Bona va aussi vers le caché ou l'interdit en dévoilant les amours secrètes d'André Maurois et de Paul Valéry. Dans ce récit enlevé, plein d'humour sans être dénué de nostalgie, elle raconte la réalisation de tous ses projets, ses rencontres qui furent autant de succès que d'échecs, et évoque tous ceux et celles qui ont compté et l'ont aidée dans ses recherches et sa vie d'écrivain.
S'attachant autant aux célébrités qu'à des figures à demi oubliées, Dominique Bona convoque avec tendresse des personnages disparus : mais, sous le masque que le biographe s'impose toujours pour raconter d'autres vies que la sienne, c'est elle que l'on découvre, dans cette autobiographie d'une vibrante sincérité.