Labyrinthe
Un jour, Boratine, un jeune chanteur de blues vivant à Istanbul, se réveille à l’hôpital partiellement amnésique : il ne sait plus qui il est ni d’où il vient. On lui dit qu’il a miraculeusement survécu à sa tentative de suicide. Mais pourquoi aurait-il tenté d’en finir en sautant d’un pont sur le Bosphore? Boratine est beau, talentueux, populaire. Ses amis l’aiment, les femmes aussi. Revenu dans son appartement, il tente de reprendre le cours de sa vie, de raviver sa mémoire au contact d’objets du quotidien, de visages connus, de miroirs. S’il a oublié tout ce qui concerne son identité, il n’a pas perdu l’usage des mots, la maîtrise de plusieurs langues. Il reconnaît même en cette figurine, dans son salon, la vierge Marie et son enfant Jésus. Incapable toutefois de les replacer dans le temps, il ne saurait dire s’ils ont vécu il y a quelques années ou bien des millénaires. Flâneur des labyrinthes de la mémoire, il erre aussi au hasard des chemins de la ville, cette Istanbul qu’il redécouvre sous un jour nouveau.
Dans une prose fluide et poétique, Burhan Sönmez raconte les pérégrinations de son héros, sa quête identitaire, et leur confère une profondeur existentielle. Qu’est-ce qui nous détermine? Perdre la mémoire, est-ce perdre son identité? Est-ce plus libérateur pour l’homme – et pour une société – de connaître son passé ou bien de s’en défaire?