Lettres à Philippe Sollers (1981-2008)
Journée bleu roi, chaleur un peu aérée, personne à voir, rester un jour entier la bouche cousue par un fil d'or n'est pas donné à tout le monde, excepté les Amoureux. Dominique Rolin, lettre du 6 août 1999 Dans ce quatrième volume de la correspondance croisée entre Philippe Sollers et Dominique Rolin, deux-cent-quarante-sept lettres ont été choisies parmi les huit-cent-cinquante-et-une lettres écrites par Dominique Rolin à Philippe Sollers, entre 1981 et 2008. Ces lettres nous montrent deux oeuvres colossales en train de se faire, reliée par un canal souterrain, « l'axiome » qui lie l'amour et l'écriture. Dominique Rolin admire et défend celui qu'elle aime contre un « ennemi » qui est tout ce qui n'est pas eux, et qui est la voix de la bêtise et du conformisme. On voit Dominique Rolin chaque jour à sa table « faire sa page », la discipline de vie est la discipline de l'écrivain au travail. Chaque journée est un rituel qui s'inscrit dans le rituel plus vaste de l'année : l'absence de l'amoureux pendant les vacances de printemps et d'été se fait plus douloureuse à mesure que le monde et la famille se font vains. Il y a dans cette correspondance des pages drôles. On est saisi par l'auto-ironie poignante et lucide de l'écrivain qui sait qu'elle n'écrira plus. On trouve quelques piques encore, des pages de contemplation - les multiples verts de la campagne -, le goût partagé du cyclisme, du tennis et des allocutions papales. Insensiblement, l'écriture se referme autour des lettres quotidiennes, puis hebdomadaires, jusqu'à la dernière en date du 25 avril 2008 : « Moi aussi je ne pense qu'à toi. Et je continue à respirer comme la plus belle femme du monde. »