Mille Neuf Cent Quatre-Vingt-Quatre
Le nom de George Orwell est associé aujourd'hui à celui du Grand Frère du roman, mi-symbole mi-fantasme collectifs, ce qui a pour effet de masquer l'essentiel. Le Grand Frère est un archétype (le Diable, l'Ogre), une idée abstraite, le pouvoir temporel devenu toute-puissance éternelle. Face à lui, l'homme - l'homme souffrant et combattant. Et même le dernier homme (le roman a longtemps porté comme titre Le Dernier Homme en Europe ). Cet anti-héros, Orwell en fait un gibier rêvé pour le chasseur : naïf, il croit pouvoir se cacher de l'oeil, tombe dans les pièges tendus par O'Brien lorsqu'il accepte de commettre tous les crimes qu'exigera de lui la Fraternité ; imprudent, il achète un objet d'un autre âge chez un brocanteur, mène son enquête dans un pub auprès d'un ancien. Pourtant, c'est son audace qui sert de révélateur de la puissance de l'ennemi, mais surtout de ce qu'il reste de foi à un homme quand il n'a plus rien à espérer qu'une balle dans la nuque, un jour, il ne sait quand.
Mil neuf cent quatre-vingt-quatre est le récit de la résistance d'un homme ordinaire face à une machine de mort indestructible. Il raconte ce qui se passe dans la tête d'un condamné, entre le moment où sa sentence de mort est prononcée et le jour indéterminé qui précède son exécution.