La Chanson de Passavant
On ne présente plus François Sureau, avocat fameux, militaire, chroniqueur, romancier, nouvelliste et bientôt probablement élu à l'Académie française, mais on sait moins que son talent multiple l'a très sérieusement conduit sur les terres de la poésie. Auteur de trois recueils singuliers publiés dans la Blanche, Sureau se distingue en poète aussi par son absolue virtuosité formelle et l'ampleur de sa visée. C'est tout particulièrement dans son livre La chanson de Passavant, que nous reprenons pour cette parution en Poésie/Gallimard, que se manifestent des choix poétiques insolites qui le font proche dans l'art du vers et dans le ton de poètes comme Cendrars, Apollinaire ou Aragon, résolument à l'écart des différents dogmes de la poésie d'aujourd'hui. Comme Barnabooth était le pivot de la poésie de Larbaud, c'est ici autour de la figure de Patrocle Passavant des Baleines, lieutenant de vaisseau et aventurier, double rêvé de l'auteur assurément, que se déploie une poésie des ailleurs, épique, alerte et chantante, aux accents tour à tour ironiques et mélancoliques, qui célèbre l'ivresse et le risque d'une existence à l'aventure.