Une théorie de l'amour
«Je sais bien que, s'agissant de poésie, qui veut mal de mort à la froideur du concept et à l'esprit de système, ce titre Une théorie de l'amour, semble contrevenir au bon sens. Je tiens cependant que c'est trop rapidement en juger. La vérité est qu'aujourd'hui plus que jamais sans doute, la pensée du monde, de la vie et de ses circonstances, otage des machinologues en tout genre, s'asservit pour notre malheur à la souveraineté d'une abstraction qui s'épargne les démentis du réel. Seule objecte à mes yeux à cette emprise délétère ce que la poésie depuis toujours fomente:une compréhension des choses non surplombante mais impliquée, sensuelle assurément, qui a aussi pour moyen la main et le pied. La pensée dans le poème a du corps enfin, et c'est le corps du monde, et c'est le corps de chacun. En quoi elle s'accroît d'un souffle, d'un rythme, d'un dynamisme, pulsations du sang et du vent. Le poème réchauffe le concept et soumet la pensée au vivant contrordre que recèle la liberté native du réel. Mouvement perpétuel, mort du dogme. Il est temps de repenser poétiquement la vie.»Jean-Pierre Siméon