Pierrot solaire
La poésie de Zéno Bianu a cette marque de celles qui se distinguent : sa manière, son timbre, son ampleur saisissent le lecteur d'emblée. Quel plaisir que cette poésie « verticale », pleine d'élan et de ferveur, qui fuit le petit débat intime pour se donner à l'ouvert et à l'universel.
Le propos de ce Pierrot solaire ferme et puissant, dans la double parenté avouée de Daumal et de Chedid, non loin aussi du Kerouac électrique et mystique, appelle à l'intensité de l'être vécue dans le vertige, revendiquant l'absolu du désir comme quête infinie d'un feu primordial. On est emporté à chaque page par le verbe clair, vibrant, transfusé de bleu, dans une continuelle ascension « au coeur battant parmi les météores ». Cette poésie en effet a le coeur battant, pulsations du sang et du souffle accordées à la pulsation du cosmos. Bianu prouve une nouvelle fois ici, dans ce qui est peut-être son oeuvre la plus aboutie, qu'il est une des grandes voix de la poésie contemporaine, de celles qui ne ressemblent pas.