Là pour ça
L'indécision est non seulement le thème central de ce livre, mais aussi, et paradoxalement, ce qui le détermine: une seule et même page (la page 100), cent fois recommencée, et dont les diverses versions ne s'accumulent qu'au détriment du récit dont elles sont la malfaçon. Difficulté de l'écriture à être décisive au moment où un livre peut encore ne pas exister. Au moment du récit où l'on voit le narrateur prendre en exemple son héros sans visage, toujours appelé " le jeune garçon ", et s'interroger sur les chances qu'il a, quand on est dans sa situation, de se consacrer enfin à l'accomplissement de son projet principal. De ce projet principal, dont on ne connaît que ce qui lui fait obstacle, faut-il espérer, plus forte que le vertige de l'indécision, une fatalité devant laquelle s'incliner: être là pour ça.