C'est la vie ! : Vanités de Pompéï à Damien Hirst
La mort, et alors ? La civilisation occidentale, à Pompéi comme dans l'antiquité gréco-romaine, a interrogé notre fin dernière en multipliant les figurations du corps humain post-mortem. Memento mori : souviens-toi que tu vas mourir, disait-on à Rome. Mais c'est au XVIIe siècle, entre l'austérité de la Réforme protestante aux Pays-Bas et le dramatisme du style baroque naissant en Italie, qu'apparaît la Vanité. Art entièrement dévolu à la tête de mort et au squelette, cette édification morale et personnelle sur le caractère illusoire et vain des biens de ce monde connaît une très grande diffusion, dépassant les Hollandais pour s'insinuer dans l'oeuvre de Caravage, de Zurbaran ou de Georges de La Tour. Cézanne marque à nouveau l'irruption d'un macabre délivré de tout pathos dans la peinture moderne, autorisant Picasso et les surréalistes à en tracer de nouveaux contours. À la fin du xxe siècle, des néo-Pop aux Young British Artists, et des néo-fauves allemands aux graffitistes new-yorkais, l'art le plus contemporain s'est attaché à cristalliser la vanité d'une civilisation. De Pompéi à Damien Hirst, " C'est la vie ! " rend compte des métamorphoses d'une mort qui nous va si bien. À l'heure de la disparition de l'espèce programmée.