Rapport général de synthèse : mission Matteoli
" Par son CGQJ, par les directions régionales et les directions locales de cet organisme, par les fonctionnaires nombreux et grassement payés qui constituaient ces dernières, par la multitude d'agents louches, de policiers suspects, de mouchards stipendiés et de délateurs bénévoles qui leur étaient attachés, le gouvernement de Vichy avait enserré le pays dans un réseau extrêmement étroit, des mailles duquel aucun Juif possesseur d'un bien quelconque ne pouvait échapper Le gouvernement de Vichy avait organisé le vol. Celui de la IVe République devait organiser la restitution [...]. Pour moi, la restitution des biens spoliés aux israélites est une œuvre à la fois de justice et d'humanité dont la signification morale et politique dépasse de beaucoup les valeurs matérielles en cause. Elle doit être, aux yeux de la France et du monde, une des grandes manifestations tangibles du rétablissement du droit et de la légalité républicaine. " Cette déclaration d'Emile Terroine en décembre 1944, la Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France aurait pu la reprendre mot par mot, car elle a adopté d'emblée ses finalités. Dans son Rapport général, en se penchant sur cette question, elle s'est attachée à analyser l'impact des spoliations et des pillages multiformes sur le destin de celles et ceux que l'État français et l'occupant allemand avaient désignés comme juifs et qui étaient voués par les nazis à l'extermination.