Nietzsche et la philosophie
La philosophie de Nietzsche a une grande portée polémique ; elle forme une anti-dialectique absolue, se propose de dénoncer toutes les mystifications qui trouvent dans la dialectique un dernier refuge. Ce que Schopenhauer avait rêvé, mais non réalisé, pris comme il était dans le filet du kantisme et du pessimisme, Nietzsche le fait sien, au prix de sa rupture avec Schopenhauer. Dresser une nouvelle image de la pensée, libérer la pensée des fardeaux qui l'écrasent. Trois idées définissent la dialectique : l'idée d'un pouvoir du négatif comme principe théorique qui se manifeste dans l'opposition et la contradiction ; l'idée d'une valeur de la souffrance et de la tristesse, la valorisation des "passions tristes", comme principe pratique qui se manifeste dans la scission, dans le déchirement ; l'idée de la positivité comme produit théorique et pratique de la négation même. Il n'est pas exagéré de dire que toute la philosophie de Nietzsche, dans son sens polémique, est la dénonciation de ces trois idées.