Questions cartésiennes
En deçà des thèses, qui visent à la cohérence, demeurent, comme des sources cachées mais vitales, des questions toujours ouvertes. Ce sont certaines de ces questions récurrentes dans les études cartésiennes qui sont abordées ici, chacune pour elle-même, mais en dialogue constant avec la tradition des grands interprètes. Pourquoi le philosophe de l'évidence commence-t-il à penser en faisant trois rêves - et en les interprétant sans même se réveiller ? Pourquoi et jusqu'où le Discours de la méthode ne livre-t-il pas exactement la même métaphysique que celle des Meditationes ? En quoi et jusqu'où les Meditationes respectent-elles la méthode ? Le « sujet » cartésien se définit-il par une thèse théologique au moment précis où il prétend « mettre à part les vérités de la foi » ? Pourquoi la générosité semble-t-elle devoir répéter le« je pense » sur le mode de l'auto-affection ? Pourquoi Descartes ne parvient-il finalement pas à reconnaître un alter ego à l'ego et ferme-t-il la possibilité de tout accès à l'autre ? L'argument dit ontologique appartient-il encore à une ontothéo-logie avant et après Descartes ? Ces recherches dont le fil directeur est une enquête sur la méthode et la métaphysique attestent que les soubassements historiques et les conséquences modernes, voire post-modernes, de Descartes restent encore, pour une large part, à déceler et à mesurer. Car nous ne pouvons étudier seulement Descartes comme un objet : nous en provenons. Même pour s'en défaire, il faut encore y revenir.