Le nombre et la raison
Ce livre s'attache à un objet longtemps négligé par les historiens : le moment du vote, l'instant où le peuple devient citoyen. Par ce qu'il révèle d'incertitudes sur le sens même de la démocratie, de dettes à l'égard de la culture du passé et de tensions entre la société française de la fin du XVIIIe siècle et l'univers rationnellement reconstruit en 1789, Le nombre et la raison apporte des éléments de réponse à une question de l'impasse politique où s'est, tôt, enfermée la Révolution française.
Bien sûr, le principe de l'élection a été au coeur de la Révolution, comme le symbole de l'appropriation populaire de la souveraineté, le moyen légitime et naturel du gouvernement du peuple par lui même, l'instrument permettant de réaliser la transparence du peuple et du pouvoir. Cependant, si le suffrage forme un élément central de l'imaginaire politique révolutionnaire, aucune des nombreuses consultations n'a constitué un tournant, une date dans le cours de la Révolution.
C'est à comprendre le paradoxe d'un principe célébré comme un droit universel, mais qui n'a guère suscité d'engouement pratique, que ce livre est consacré.