Paris, Capitale du XIXe siècle
« Féerie dialectique » dans sa première version, selon les propres mots de l'auteur, Le Livre des passages de Walter Benjamin a trouvé sa forme définitive en 1934. En partant des passages parisiens, voies tracées dans le premier XIXe siècle au milieu des immeubles abritant des galeries commerciales, c'est tout un univers à la fois urbanistique et mercantile qui se dessine, mais au-delà, le témoignage d'une société, dans son aspect économique, idéologique, poétique même.
Benjamin les aborde et les emprunte environ un siècle après leur invention. Et bien avant leur dénaturation - l'évidement que Paris subira de sa classe populaire et de sa petite bourgeoisie après la seconde guerre mondiale. Il y retrouve, condensés dans les plis et les contours architecturaux, l'expression de problématiques qui ont par ailleurs taraudé l'ensemble de son oeuvre, notamment celles de l'articulation de l'esthétique et du politique, de l'histoire qu'il faudrait lire « à rebrousse-poil », de la fantasmagorie et du rêve, de l'utopie, de la révolution ou du progrès.
Le passage est pareil à une ville, à un monde en miniature. C'est l'Occident moderne qui se devine sous la plume du penseur de l'école de Francfort.