L'ombre de Dionysos
La circulation du sexe, l'éclatement du soi, bref l'orgie renvoient à l'" extase ", à l'outrepassement de l'individu. Or il est frappant de constater que la domestication des mœurs, l'idéologie du risque zéro, l'asepsie de l'existence, n'ont en rien amoindri cette pulsion à l'errance.
Après l'échec de l'individualisme, le souhait d'un nouveau vivre-ensemble.
Les constructions abstraites qui ont caractérisé l'essor et l'emprise de la modernité s'épuisent. De nouvelles formes de relations sociales, de solidarités, d'imaginaires émergent.
Entre autres manifestations cruciales, cette transformation se signale par la résurgence de l'émotionnel, de la fête, de l'ivresse. Car l'effervescence dionysiaque n'est pas un simple divertissement : elle vient raviver les formes archaïques de la socialité dans l'horizon postmoderne.
Derrière l'apparente apologie du plaisir, du débordement, de l'excès, voire du chaos, se profile la volonté de refonder l'être-ensemble : l'effervescence nous invite à délaisser la solidarité mécanique pour renouer avec une autre, plus organique, ou vitale.
Une analyse magistrale des mutations de notre époque.