Ville au cœur de pierre
Saint-Pétersbourg. Petrograd. Leningrad. Trois noms pour une même ville. Une ville impitoyable qui avale sa jeunesse pour n'en recracher que les cendres.
Russie, 1925. Ilya, Klara et Lavr ont fui leur pays, la Finlande, pour s'installer au royaume de la liberté, jurant de ne jamais en repartir et laissant derrière eux leur nom, leur langue, tout ce qu'ils possédaient. À Petrograd, chacun peut se réinventer. C'est une ville de bouleversements constants, et ces jeunes gens ont justement soif de changement. Ils se construisent, parmi leurs camarades, une nouvelle famille. Les rues sont pleines d'enfants sans abri ; Klara commence à travailler dans un refuge, où elle s'efforce d'en sauver quelques- uns. Mais quand Petrograd est rebaptisée Leningrad, la vie devient dangereuse pour Klara et son entourage. L'utopie et les rêves, la fraternité et l'amour s'effacent peu à peu, tandis que s'élève au coeur de la ville la haute tour de la Grande Maison, surveillant tout et tous.
L'auteur évoque avec pudeur, à hauteur d'homme, le basculement de l'élan révolutionnaire dans la Grande Terreur et fait, au coeur de la tragédie, la part belle à ce qui en chacun résiste ou trahit, s'avilit ou grandit, à la tendresse des simples, quand le monde alentour devient une machine à broyer.