À l'estomac
Vingt trois aspirants prosateurs répondent à une petite annonce. Il s’agit de se mettre au vert pour pondre une oeuvre dans de bonnes conditions. Vous croyez vraiment que ça va se passer comme ça ? Chuck Palahniuk a prévu un autre programme.
Qu’y a-t-il de commun entre un imposteur en vadrouille, un onaniste que son vice a failli tuer, une dame de la haute devenue clocharde par choix, une allergique chronique et une ex-obèse devenue bimbo ? Rien a priori. Rien, si ce n’est que dans le dernier roman de Palahniuk ces cinq personnages et leurs dix-huit compagnons ont tous embarqué pour la même galère, une prétendue « retraite d’écrivains » où leurs rêves de grandeur vont vite tourner au cauchemar.
Chacun d’entre eux a répondu un jour à cette énigmatique annonce :
Retraite d’écrivains : mettez votre vie de côté pendant trois mois
Disparaissez.
Brisez les entraves qui vous empêchent de réaliser votre chef-d’œuvre !
Le boulot, la famille, la maison, autant de contraintes, autant de distractions.
Faites une pause pendant TROIS MOIS.
D’autres partagent vos aspirations : venez vivre avec eux cette expérience dans un cadre propice au travail.
Si vous êtes sélectionné, le vivre et le couvert vous seront offerts.
Tentez votre chance, mettez en jeu ce petit bout de vie et assurez-vous un autre futur : une carrière de poète, de romancier, de scénariste.
Vivez vos rêves avant qu’il ne soit trop tard !
Places limitées.
avec l’espoir de trouver un environnement calme, loin de l’agitation du quotidien, bref, propice à la création.
Oui mais voilà, l’endroit est plutôt glauque. Tous regroupés dans un affreux théâtre en sous-sol, livrés aux rats et à la moisissure, nos écrivaillons perdent l’inspiration.
Sous la houlette du mystérieux Mr Whittier, un vieillard sadique à souhait, et de son accolyte, Mrs Clark, une pépée siliconée sur le retour, ils entament un étrange voyage au pays des horreurs.
Alors que chacun dévoile aux autres ses secrets les plus noirs et que personne n’arrive à écrire la moindre ligne, la terreur s’installe. Isolés du monde, maltraités, privés petit à petit de toute ressource – chauffage, lumière et surtout nourriture – nos cobayes s’agitent, paniquent, mais refusent de renoncer.
Convaincus qu’ils font l’objet d’une mise en scène et que seul une place de victime totale leur assurera gloire et postérité une fois sortis de cet enfer, chacun se lance éperdument dans une compétition acharnée tant pour survivre que pour souffrir. À mesure que se dégradent leurs conditions de vie, leurs manigances pour sortir en victimes de ce lieu démoniaque se font plus cruelles. Automutilation, assassinats, dévoration, tout y passe. Où l’on découvre qu’au jeu de la surenchère en matière de violence, tel est pris qui croyait prendre…