Tu seras un homme mon neveu
Est-ce qu'une partie d'échecs avec votre oncle peut changer votre vie ? Pas complètement, mais un peu quand même.
Ce dimanche après-midi-là, tout en se faisant prendre la quasi-totalité de ses pièces en l'espace de quelques minutes, Henri se confie à son oncle Alfred : il s'ennuie tellement qu'il pense que cela n'aura jamais de fin. D'après son expérience l'école ne sert qu'à apprendre des choses que l'on oublie l'instant d'après. Rien ne sert à rien, tout est monotone, dit-il, d'une voix qui finit par trembler un peu.
Alors Alfred se met à lui raconter sa propre enfance, la même, mais pire. Pire parce qu'au lieu d'avoir des notes moyennes, il n'en avait que des catastrophiques. Pire aussi, parce qu'un dénommé Kevin avait juré d'avoir sa peau. Pire même la nuit, à cause des fantômes qui habitaient la maison de ses parents et faisaient la java jusqu'à l'aube.
Jusqu'au jour où jean, qui avait failli être le parrain d'Alfred, puis avait prudemment été écarté de cette. mission, revint dans les parages. Jean avait toujours terriblement soif, mais n'aimait pas l'eau. Jean avait une fiancée ravissante, qu'il appelait la Grenouille ou le Trognon, et peignait des portraits de faux ancêtres à la douzaine.
Lui, ce n'est pas une partie d'échecs qu'il proposa à Alfred, mais une partie de chasse.