L'heure bleue
J'ai un reste du parfum de maman, L'Heure bleue, qui sent encore elle. J'ai mon carnet Mamamaman dans lequel je lui écris. J'ai sa bague en onyx qui fait comme une boule de cristal noir. J'ai Tanya, ma petite soeur, à protéger. La bague est à nous deux. Je lui demande de me dire quoi faire, de me dire l'avenir. Et elle m'annonce une catastrophe. Il y a trois ans que maman est morte. Elle avait promis de veiller sur nous jusqu'à ses 102 ans et je l'avais crue. Elle avait prétendu, sur son lit d'hôpital, que la chose qui lui ferait le plus plaisir, c'était que papa refasse sa vie, et je ne l'ai pas crue. Comment peut-on avoir envie d'être remplacée quand on est irremplaçable ? Aujourd'hui, trois ans après, maman vieille maman est devenue du silence. La musique qu'elle aimait ne résonne plus dans la cage d'escalier. Nous ne parlons plus d'elle. De jour en jour, elle disparaît davantage. Anne-Sophie, la nouvelle femme de papa, fait trop de bruit.